Leila Alaoui photographe et victime de l’attentat de Ouagadougou
La jeune artiste franco-marocaine s’était rendue dans la capitale du Burkina Faso dans le cadre d’un projet de documentaire sur les violences faites aux femmes en Afrique de l’Ouest, initié par l’ONG Amnesty International.
L’identité, les diversités culturelles et la migration dans l’espace méditerranéen étaient au cœur de la démarche photographique et vidéo de Leila Alaoui.
Elle considérait sa « mission » comme étant « avant tout sociale. » Elle avait 33 ans et a perdu la vie dans l’attentat de Ouagadougou, le 15 janvier dernier.
Deux jours plus tard, son exposition à la Maison européenne de la photographie, organisée dans le cadre de la première Biennale des photographes du monde arabe contemporain, se terminait.
Elle y présentait « Les Marocains », une série de portraits photographiques grandeur nature réalisés dans un studio mobile durant un « road trip à travers le Maroc rural ».
Tout en puisant dans son propre héritage, Leila Alaoui constituait là une archive visuelle des traditions et des univers esthétiques marocains.
Un projet qu’elle souhaitait poursuivre…
"Cette manière hybride de concevoir le documentaire fait écho à la démarche corrective postcoloniale que de nombreux artistes contemporains engagent aujourd’hui afin d’écarter de l’objectif l’exoticisation de l’Afrique du Nord et du monde arabe, très largement répandue en Europe et aux Etats-Unis", racontait-elle.
"Il s’agissait pour moi de contrebalancer ce regard en adoptant pour mes portraits des techniques de studio analogues à celles de photographes telles que Richard Avedon dans sa série "In the American West", qui montre des sujets farouchement autonomes et d’une grande élégance, tout en mettant à jour la fierté et la dignité innées de chaque individu."
leilaalaoui.com