Philippe Caumes, photographe de nouvelle architectures
Philippe Caumes a suivi une formation complémentaire en Anthropologie sociale et anthropologie de l’architecture. Aujourd'hui, il réalise une vidéo du chantier de la Meca, de la maison de l’économie créative et de la culture à Bordeaux.
Pourquoi avoir choisi l’univers du bâtiment et de l’architecture ?
Après l’ETPA j'ai fait du photojournalisme à Paris et j’ai commencé à travailler avec des agences d’architecture. Puis, de fil en aiguille, j’ai été amené à travailler avec l’UNESCO en Mauritanie pour un programme de réhabilitation et de sauvegarde des 4 villes classées au patrimoine mondial. Ont suivi une exposition (Washington, Paris, Mauritanie) et un livre. A la suite de ce travail, je me suis retrouvé face à beaucoup de questions sans réponses autour de l’architecture vernaculaire, du patrimoine des rapports entre habitants et habitat. Je me suis alors offert une pause de deux ans pour reprendre mes études en anthropologie de l’architecture à l’EHESS à Paris ; je me suis, à la suite de cette parenthèse, complètement immergé dans le monde de l’architecture et du BTP. J’aime vraiment le contact avec les architectes, ce sont des gens sensibles, créatifs, qui m’apportent beaucoup.
Y at-il un langage photographique spécifique par rapport à l’architecture ?
Pour ma part, il y a 2 étapes : Tout d’abord, le travail photographique qui doit être le prolongement du geste architectural, de l’intention de l’architecte. Pour cela, il faut comprendre l’architecture, l’objet construit. Photographier l’architecture créé et l’architecture habitée. Dans un second temps, il faut que le photographe puisse produire ses propres images, complémentaires aux premières.
Quels sont les besoins en termes techniques et quelles sont les contraintes ?
Je travaille beaucoup au moyen format et au 24x36. Il faut toujours avoir du matériel haut de gamme, et propre à l’architecture, afin de rester toujours compétitif. La météo est une contrainte bien réelle de même que le matériel assez lourd pour réaliser des films et des time-lapse. Enfin, mais cela concerne tous les photographes, les capteurs des appareils photos sont de plus en plus important, il faut donc des ordinateurs de plus en plus rapides et des moyens de stockage de plus en plus importants.Enfin, les contraintes liées à l’environnement des chantiers, les règles de sécurité sont à prendre en compte. Le matériel souffre beaucoup sur les chantiers, dans la poussière et les conditions rudes du monde de BTP. Tout cela m’a obligé à me former pour assurer ma propre sécurité et pour pouvoir également travailler sur corde. Je fais également beaucoup de photographies aériennes à partir d’hélicoptère, et depuis deux ans avec des drones. Les contraintes en hélico sont celles liées à l’aéronautique et au travail aériens. Je dois totaliser 500 heures de prises de vues en hélico et j’aime vraiment cela. Le rapport avec le pilote est extrêmement important, et je vole toujours avec Manuel Bénitou, depuis 5 ans.
Quels sont les projets les plus impressionnants sur lesquels vous avez travaillé et en quoi l’ont-ils été ?
Ces 5 dernières années j’ai photographié tous les plus gros projets sur Bordeaux. Il y a un rapport à l’objet qui est différent par rapport à l’environnement que l’on photographie. Le chantier du nouveau stade de Bordeaux m’a impressionné quand à sa rigueur et à l’esthétisme de l’objet qui naissait. Celui de de "la cité du vin" est un objet extraordinaire en termes de technicité et de travail en hauteur. L’objet, est par ailleurs très beau, que ce soit depuis le sol ou depuis un hélico.
Que retenez-vous de l’enseignement que vous avez reçu à l’ETPA ?
Une grande rigueur. Je me souviens des paroles de Michel Gratacap, prof de prises de vuesqui nous disait que dans la photographie, nous sommes en constante formation et évolution. C’est cela qui est intéressant.
Des conseils aux futurs photographes ?
Il faut être curieux. Pour ma part, le travail d’un photographe est lié à la maturité. Il faut sans cesse se réinventer, se renouveler. Dans le domaine de la photographie commerciale, un photographe doit aussi être un chef d’entreprise. On ne peut pas se contenter de faire de belles prises de vues. Il faut également être commercial, faire fructifier son réseau, faire de la compta, etc, etc… Des journées de travail bien remplies…