Portrait d’Emeric Lhuisset, artiste et photographe né en 1983
Nommé en 2015 pour le prix Magnum Foundation Emergency Fund et le prix Niépce, Emeric Lhuisset est diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et de l’Ecole Normale Supérieure - Centre de géostratégie.
Photo reporter
Travaillant régulièrement sur des zones de conflit, Emeric Lhuisset a très tôt pris conscience du décalage entre l’image que les sociétés occidentales se font du conflit et sa réalité. Les médias, les films et les jeux vidéos donnent une vision erronée, centrée sur l’événement (tirs, explosions, corps sans vie…). Mais le quotidien du soldat s’avère tout autre.
Tourné en caméra subjective, "Chebab" (2012) montre la journée d’un combattant de l’Armée Syrienne Libre. Sans commentaire, cette vidéo présente la réalité brute, faite d’attente - l’homme regarde la télé, fait une sieste - elle questionne la place du reporter de guerre et la construction de l’image du conflit.
Quid de cette fabrication quasi iconique à travers l’Histoire ? En 2011-2012,
Emeric Lhuisset demande à un groupe de guérilla Kurde Iranien de rejouer, dans leurs zones d’opération en Irak, des scènes tirées de tableaux anciens.
Face à la série "Théâtre de guerre", le spectateur perçoit l’aspect dissonant, faux, de ces images léchées. Pourtant, ce sont de véritables combattants, ici pris en photo. Quelle est donc la part de réel ?
La série "Hundred portraits of Maydan" donne quant à elle un visage aux manifestants de Kiev (Ukraine), réprimés par le gouvernement russe en 2014. Elle leur donne aussi la parole, les portraits étant accompagnés de questionnaires recensant leurs craintes et leurs aspirations.
Abordant ses projets tel un chercheur – approche théorique en amont, anthropologique sur place – Emeric Lhuisset invite à la réflexion.
Son dernier projet, "À mes amis d’ailleurs" (2015), aborde le drapeau français flanqué d’un "welcome", non comme un symbole nationaliste clivant, mais comme un symbole culturel fort.