Thibault Brunet, entre réel et virtuel
A la sortie de l’Ecole supérieure des Beaux Arts de Nîmes en 2008, Thibault Brunet entame un travail sur les faux semblants, entre réel et virtuel.
Il trouve son premier terrain d’exploration dans le jeu vidéo Vice City, se promenant dans les décors avec son appareil photo, l’un des gadgets mis à la disposition du joueur.
L’objectif est de ramener du tangible de cet univers virtuel par la trace photographique.
Il paramètre la météo, attend la meilleure heure du jour (le jeu ayant une vraie temporalité), déplace des véhicules pour improviser ses propres paysages,… et prend des clichés qu’il imprime.
Qui est donc l’artiste ? Le directeur artistique du jeu ? Le modélisateur 3D ? Thibault Brunet prenant cette matière pour l’interpréter à sa manière ?
"On reconnaît rarement le jeu derrière mes photos. Et c’est bien d’être dans cette ambiguïté là", déclare-t-il.
Avec "Typologie du virtuel", il explore le territoire français à travers Google Earth.
Les images de cette série ont été réalisées à partir de bâtiments (centres commerciaux, HLM…) situés dans des zones péri-urbaines et modélisés en 3D par des utilisateurs de GE.
L’artiste les ancre dans un temps spécifique en y ajoutant une ombre portée définie d’après le jour et l’heure de leur réalisation.
Le contexte, c’est la création d’un espace de projection s’évanouissant dans la brume que l’artiste compare à un "nuage numérique".
Il re-contextualise ainsi l’image en la rattachant à l’action de son premier fabricant et s’inscrit dans une chaîne de création dont il forme un nouveau relais.
Ces images d’images construites à partir de fichiers libres de droit questionnent, entre autres, leur usage possible et leur propriété.